Amstel Gold Race - Phil Gilbert de main de maître
Par Alexandre MIGNOT le 20/04/2014 à 16:50
Après les grandes Classiques flandriennes, places aux grandes Classiques ardennaises. Une semaine pile-poil après Paris-Roubaix, le triptyque ardennais s'ouvrait ce dimanche avec l'Amstel Gold Race, comme de coutume. Les plus grands puncheurs du peloton s'étaient donnés rendez-vous dans la province du Limbourg pour ce premier acte des Classiques vallonnées. Sur les terres néerlandaises, la 49ème édition de l'Amstel se tenait sur à peine plus de 251 kilomètres et comprenait pas moins de 34 ascensions pour un dénivelé positif total équivalent à une grande étape de montagne sur le Tour de France. Les coureurs devaient franchir la célèbre montée du Cauberg à quatre reprises, et la dernière d'entre elles faisait office de juge de paix de l'épreuve, puisque dernière ascension répertoriée de la journée. Un juge de paix toutefois moins décisif que par le passé, étant donné que la ligne est désormais située à un peu plus de deux kilomètres du sommet.
Dix hommes dont Christophe Riblon s'échappent dès les premiers kilomètres
C'est à 10h30 pétantes que les coureurs se présentent sur la ligne de départ à Maastricht. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir l'échappée du jour se former. Dix coureurs prennent les devants, à savoir Jaroslaw Marycz (CCC), Alexey Lutsenko (Astana), Matej Mohoric (Cannondale), Pim Ligthart (Lotto-Belisol), Manuel Belletti (Androni), Pirmin Lang (IAM Cycling), Preben Van Hecke (Topsport-Vlaanderen), James Vanlandschoot (Wanty-Groupe Gobert), Christophe Riblon (Ag2r-La Mondiale) et Nicola Boem (Bardiani-CSF). Le peloton se désintéresse complètement de ce groupe et lâche du lest. Beaucoup de lest. Après environ 50 kms, l'écart est déjà de 14 minutes, et alors que tout se déroule tranquillement à l'avant, plusieurs chutes émaillent le peloton derrière. Parmi les victimes : Joaquin Rodriguez, contraint d'abandonner après à peine 80 kms de course. Dans la foulée, Nicki Sorensen (Tinkoff-Saxo), Andy Schleck (Trek) et Thomas Dekker (Garmin-Sharp) mettent à leur tour pied à terre.
Purito et Dan Martin abandonnent alors que le peloton réduit l'écart avec le groupe de tête
Après les trois premières heures de course, les coureurs entrent dans la seconde moitié du parcours. Près de 120 bornes restent à parcourir et le pack, orphelin de Purito, pointe alors à 10 minutes des fuyards. C'est essentiellement la Movistar qui travaille aux avant-postes du paquet. A 90 kilomètres de l'arrivée, alors que le peloton continue de perdre quelques hommes sur abandon (Zubeldia, Tanner, Ratto entre autres), les coureurs entament la seconde ascension du Cauberg. Au sommet, 7 minutes d'avance pour les 10 hommes de tête alors qu'Orica et Movistar emmènent le pack. A 70 kms de la ligne, l'écart se réduit à moins de six minutes. Les équipes de leaders commencent à faire le forcing. On voit notamment la Movistar d'Alejandro Valverde, mais aussi la BMC pour Philippe Gilbert se positionner en tête du paquet, tout comme l'armada Omega Pharma - Quick Step. On sent les coureurs s'échauffer et vouloir se replacer coûte que coûte dans les premières positions du peloton.
Voeckler amorce un contre avec Stybar, Van Avermaet et du beau monde
3 minutes 20 secondes. Voici le maigre avantage qui demeure à 50 bornes du but. Le moment où les forçats de la route rentrent dans le terrible enchainement Gulperberg, Kruisberg, Eyserbosweg, Fromberg, Keutenberg, et tout cela en une petite quinzaine de kilomètres. Et dès les premières pentes, l'échappée explose sous l'impulsion de Nicola Boem. Riblon ramène dans sa roue Ligthart, Lutsenko, Van Hecke et Lang. Au sommet du Kruisberg, c'est Thomas Voeckler qui accélère ! Un groupe de contre se forme avec du très beau monde. On y retrouve notamment Stybar, Weening, Fuglsang, Van Avermaet et Wellens! Devant dans le premier groupe, il ne demeure plus que Riblon, Boem et Van Hecke. Le Français d'AG2R-La Mondiale semble se sentir très bien et tire de longs relais. A l'arrière dans le groupe de contre, c'est également un Français qui relance régulièrement l'allure sous l'impulsion de l'Alsacien d'Europcar. Le trio de tête dispose alors de 2'20 sur le groupe Voeckler, lui même devançant pour l'instant le gros du paquet d'une vingtaine de secondes.
Le beau groupe de contre, incapable de s'entendre, est repris. Van Avermaet et Fulgsang tentent de résister
Dans le Keutenberg et ses pentes à 22%, seul Van Hecke parvient à suivre Riblon. Kolobnev, Leukemans et Martens parviennent eux à rejoindre le groupe de contre situé à 1'50 et ce à 27 kms de la ligne pendant que Stybar en est décramponné. Ce groupe, qui a anticipé l'embalage final, commence enfin à creuser l'écart sur le peloton mené par un seul coureur OPQS. Six heures, six de course. C'est ce qu'indique le chronomètre lorsque Riblon et Van Hecke passe pour la troisième fois la ligne. Le groupe de contre passe à 1'22, le peloton, où la Quick Step est désormais relayée par la Movistar, est située à 1'32. A 15 bornes, la jonction entre le contre et le paquet est imminente, mais de scoureurs dne l'entendent pas de cette oreille et chacun, à son tour essaye de relancer l'allure. Mais le groupe n'arrive pas à s'entendre et est voué à l'échec : Van Avermaet et Fuglsang relancent finalement l'allure et reprennent le duo de tête ! Mais l'écart a fondu de manière extraordinaire, de sortes que l'écart passe sous la barre des 10"
Gilbert décolle dans le Cauberg, fait le trou et résiste parfaitement jusqu'à la ligne
A 8 kms de Valkenburg, D. Moreno, T. Dumoulin et Bakelants mais les écarts sont très faibles et tout le monde est neutralisé. Le peloton s'étire sous l'impulsion des Australiens d'Orica GreenEdge ! Un peloton très fourni, d'une bonne soixantaine de coureurs entrent dans la cité néerlandaise. Le virage final avant le Cauberg est abordé en deuxième position par Kwiatkowski. Sanchez est le premier à attaquer pour préparer une attaque de son leader, Philippe Gilbert qui le contre dans la portion la plus dure. Il fait le trou, en poursuivant son effort jusqu'au sommet. Derrière c'est Gerrans et Valverde qui partent à sa poursuite, une bonne centaine de mètres derrière. Avec le vent dans le dos, Gilbert déroule et conserve la tête jusqu'aux derniers mètres. Son ancien équipier Jelle Vanendert (Lotto) prend la deuxième place, Simon Gerrans complètant le podium du jour.
Le coureur de la BMC, Philippe Gilbert, signe aujourd'hui son sixième top 6 d'affilé sur l'Amstel Gold Race. C'est sa troisième victoire ici après celles de 2010 et 2011. Le Belge succède ainsi au Tchèque Roman Kreuziger, vainqueur l'an passé et quasi-invisible aujourd'hui.