Chronique - Moncoutié : «Froome & Contador supérieurs»

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À J-18 du Grand Départ de la 102e édition du Tour de France, notre chroniqueur sur Cyclism'Actu David Moncoutié nous livre ses impressions sur un Tour qui s'annonce "magnifique". Celui qui va fêter cette année les 10 ans de sa victoire à Digne-les-Bains un 14 juillet, vient de boucler un Road Trip de 2300 kilomètres en dix jours entre Paris et Malaga. Pour l'ancien grimpeur de l'équipe Cofidis, Froome (Team Sky) et Contador (Tinkoff-Saxo) paraissent au-dessus. 

Froome en grande forme sur le Dauphiné

Sur le Dauphiné, Christopher Froome a montré qu'il arrivait en très bonne condition à maintenant trois semaines du Tour. Certes, ce n'est peut-être pas le grand Froome de 2013 mais il avait quand même un bon coup de pédale surtout lors des deux dernières arrivées au sommet. C'est le coureur qui va sortir de cette course psychologiquement au top, il est sur une pente ascendante.

Cela dit, il faut voir où en sont Contador et Quintana (Movistar) qui n'étaient pas sur le Dauphiné. La vérité de juin n'est pas forcément celle de juillet, je pense notamment à Vincenzo Nibali (Astana) en disant cela. L'an dernier, il n'était pas super sur le Dauphiné et trois semaines après il était au sommet de sa forme. En tout cas, Froome a prouvé qu'il était bien sur son tableau de progression en vue du Tour.

Pour Bardet  (AG2R La Mondiale) qui a gagné une belle étape vers Pra Loup, on peut attendre un Tour comme celui qu'il a fait l'an dernier (6e du classement général). C'est un attaquant qui va certainement tenter des choses car il sait qu'il y a plus fort. On va citer les quatre, Contador, Froome, Quintana et Nibali mais Bardet est un coureur qui a du tempérament. Il n'hésitera pas à y aller dans une descente ou à un endroit stratégique de la course. Je crois vraiment qu'on va voir un Romain Bardet offensif, d'autant plus qu'il ne sera pas le leader unique dans son équipe puisqu'il y a également Jean-Christophe Péraud. 

Contador - Quintana, préparation différente

Il y a quand même beaucoup de coureurs qui préparent la Grande Boucle d'une autre manière. Contador a coupé après le Tour d'Italie donc on va voir sur la Route du Sud comment vont les jambes. Il s'est fixé un énorme challenge en voulant remporter le Tour après le Giro. Personnellement, je n'ai jamais fait deux grands Tours dans l'optique d'un classement général. Pour réussir cet exploit, il faut être concentré tout au long des trois semaines de course, ce qui n'est pas simple mentalement. Il a gagné le Giro donc il en est à la moitié du chemin. S'il y a un homme capable de réaliser cette performance, il s'appelle Contador. Il sait gérer trois semaines.

Nairo Quintana mise quant à lui sur la fraicheur. Il n'a pas couru depuis la Romandie mais est rentré chez lui en Colombie. En dehors de ces deux prétendants, il y a la préparation plus classique au Tour de Suisse. Cette course est un peu l'équivalent du Dauphiné mais avec peut-être un peu moins de pression pour Thibaut Pinot (FDJ) qui le dispute actuellement. 

Son regard sur le Tour de France 2015 

Le Tour de France est l'objectif de pas mal de coureurs. Le départ se rapproche et il se présente de la meilleure façon. Le plateau est magnifique, il n'y a pas un favori qui se dégage. Je place Contador et Froome un peu au-dessus même si je n'écarte pas Quintana, Nibali, Van Garderen (BMC Racing Team) et les Français. L'édition 2015 est très ouverte, personne n'a fait la même préparation. Il reste beaucoup d'interrogations, tout le monde ne passera pas la première semaine sans embûche. Il y aura des battus dès les premiers jours de course mais au niveau de la participation c'est vraiment un très beau Tour de France. 

Moncoutié et le Tour

Ça va faire dix ans que j'ai gagné un 14 juillet sur le Tour de France. Depuis, il n'y a pas eu de vainqueur français le jour de la fête nationale alors c'est un souvenir particulier. Je suis passé par tous les états sur le Tour. Si ce sont les victoires qui viennent à l'esprit, il y a des grandes déceptions également. Je pense notamment à ma chute lors de ma dernière participation en 2012. C'est une course qui nous fait tous rêver quand on passe professionnel. Si tu ne fais pas le Tour, on dit souvent que tu n'as pas été professionnel. Même si sur la fin je préférais la Vuelta, le Tour reste la course qui m'a fait rêver. 

Quand on arrive pour la première fois au départ avec tous ces journalistes et l'engouement autour de cette course, on comprend que c'est différent de tout ce qu'on a connu avant. C'est la course numéro une. Le stress est bien présent mais on le gère mieux les fois d'après. 

Maillot à pois, difficile de trouver le bon compromis

C'est dommage que le maillot à pois ne fasse pas l'objet de plus de convoitises. C'est un maillot qui a une grande histoire. Avec Richard Virenque, cette tunique a pris de la valeur même si ces dernières années c'est plutôt un baroudeur qui l'a emporté. Il faut quand même bien grimper pour être meilleur grimpeur sur le Tour de France. En 2014, Rafal Majka (Tinkoff-Saxo) faisait un très beau vainqueur de ce classement. Après comme je l'ai toujours dit, le donner par défaut à des coureurs qui ne le visent pas mais qui font les arrivées, est-ce la bonne solution ? Je ne pense pas. C'est difficile de trouver le bon compromis. 

Retrouvez ce jeudi David Moncoutié aux commentaires de la Route du Sud en LIVE sur Eurosport