Chronique - Moncoutié : «Le suspens est préservé»

Vidéo - La première semaine de la Vuelta résumée en deux minutes

La Vuelta se repose en ce lundi 1er septembre. L'occasion ou jamais de recueillir l'avis de David Moncoutié, lui qui a commenté les étapes pour Eurosport.  Dans sa chronique, l'ancien grimpeur revient sur cette première semaine de course, sur la cohabitation dans le clan Movistar mais aussi sur les difficultés à venir et ce que l'on risque de voir, au cas par cas. David Moncoutié livre en exclusivité pour Cyclism'actu son point de vue sur une Vuelta qui tient toutes ses promesses. C'est l'heure de la Chronique Moncoutié ! 

Après une semaine, le suspens est préservé

Une des choses qui a été le plus marquant en cette première partie de Vuelta, c'est la montée en puissance de Contador. Il est de plus en plus présent à l'avant et était même le plus fort hier à la veille du jour de repos. En dressant un bilan général, les doutes qui pesaient sur la fraîcheur physique et le niveau des uns et des autres est levémais. Ils sont tous là, répondant présent. Beaucoup peuvent encore jouer la gagne. Cette Vuelta a de bonnes chances d'être passionnante jusqu'à la fin. Pour l'instant, beaucoup de coureurs sont encore frais. En fin de Vuelta, ils ne seront plus que 2 ou 3 à pouvoir prétendre gagner le classement général.

Pour l'instant, la configuration de cette Vuelta est quelque peu identique à ce qu'on a pu voir en 2012. C'est le voeu des organisateurs et après une semaine le suspens est préservé. Le contre-la-montre de demain va éclaircir cette situation même si c'est surtout la 3e semaine qui sera déterminante. Deux étapes de haute montagne risquent de changer la face de cette Vuelta. La 16e étape et la 20e étape vont être les clés. Sans se projeter aussi loin, le contre-la-montre de demain va déjà établir une certaine hiérarchie entre les leaders. Je vois Froome prendre le maillot rouge mais rien ne garantit qu'il le garde jusqu'au bout. Il a montré des signes de faiblesse, mais ce contre-la-montre lui convient bien. Derrière lui, je vois Contador faire jeu égal avec Quintana tout comme je vois Valverde un peu en retrait avec Rodriguez.  Purito n'est vraiment pas favorisé par le parcours proposé et je l'imagine perdre environ deux minutes. Mon "joker" serait Uran, que je vois bien revenir dans la course le soir. Il a eu un début de Vuelta difficile, mais semble un peu mieux. 

Movistar, l'avantage d'avoir deux leaders

La Movistar possède deux leaders. Nairo Quintana semble rester la solution numéro 1. Il est plus régulier et sera un peu mieux en haute montagne. Deux leaders, c'est un avantage. Surtout quand ils sont aussi bien placés. S'ils ont joué leurs cartes respectives jusqu'à présent, il n'y a pas tellement d'adversité contrairement à ce que certains veulent laisser penser. Ce duo est un vrai danger. En cas de grandes manoeuvres, de faiblesses d'une équipe du leader, ils répondront présents. Il n'y a eu que neuf jours de course pour le moment.

Sacrifier un des deux leaders dès le début n'aurait pas été utile. C'est trop tôt pour le moment. 

Chris Froome, pas la meilleure année

La Vuelta 2011 l'avait révélé, mais la Vuelta 2012 et le début de l'actuelle n'ont pas le même visage. Il aura du mal à bien finir selon moi. Comme sur une majeure partie des courses de sa saison 2014, Froome semble partir en trombe puis coincer sur les derniers jours. Il se peut que sa chute en début de Vuelta l'ait affaibli. Tout comme il est possible qu'il ait du mal à s'adapter, à changer d'objectif. Sa déconvenue de 2012 succédait sa frustration du Tour où il était peut-être meilleur que Wiggins, il en est peut-ètre de même cette année. Même si le problème semble plus profond que sa simple relation avec la Vuelta. Il ne faut cependant pas aller trop vite en besogne et il sera selon moi leader demain soir après le contre-la-montre. Reste à savoir pour combien de temps. 

Bouhanni confirme les attentes

Nacer Bouhanni a montré une sacré pointe de vitesse en ce début de Vuelta. Il a montré au suiveurs qu'il était un des meilleurs et qu'il était encore motivé. Un valeur sûre à n'en pas douter. Maintenant, il ne faut griller les étapes. Avec un mondial pas si compliqué au niveau des difficultés proposées, on aurait pu l'imaginer briguer le leadership dans le camp français. C'est selon moi exclu. C'est trop compliqué. La course fait plus de 250 kilomètres et plus de 4000 mètres de dénivellé. Un rôle de joker éventuellement, mais il ne sera pas leader chez les français. Il reste jeune et le futur nous dira s'il est capable de jouer les premiers rôles sur des championnats du monde plus ouverts comme ceux de Copenhague en 2011 par exemple.

Qu'attendre des favoris maintenant ? 

Je ne pensais pas Contador se dévoiler aussi tôt ni être aussi fort. Il a montré avec Quintana qu'ils étaient les favoris et les meilleurs grimpeurs du lot. Le problème majeur de Contador risque d'être son équipe qui semble vraiment moins forte que sur Le Tour. Même si le leadership transcende une équipe, cet effet à des limites et il faudra veiller à ce qu'elle ne craque pas trop tôt quand on voit l'adversité présente sur cette Vuelta.

Nairo Quintana semble lui aussi très fort. Il semble très fort et je ne le vois pas tellement monter plus en régime. Il est frais et le reste de cette Vuelta lui convient mieux. Dans ces conditions, il sera difficile à arrêter.

Si on cite Quintana, on peut légitimement citer Valverde. Dans l'ombre du Colombien, je vois l'Espagnol jouer davantage un rôle de trouble fête que de joker. Il sera là pour aider dans les moments difficiles mais pourra aussi se retrouver leader lors d'une étape avec du mouvement. 

Du côté de la Sky, Chris Froome sème le doute. Cette saison semble compliquée, mais on ne sait jamais de quoi est capable le Britannique. On ne peut pas l'écarter comme ça. Comme je l'ai déjà dit, il y a fort à parier qu'il sera en rouge demain soir. 

Enfin, je vois Rodriguez faire du Rodriguez. Placé mais pas vainqueur au général, il ira sans doute chercher les étapes qui lui conviennent.