TDF - Moncoutié : «Un Tour de France à visage humain»

 

Vidéo - Le Best Of du Tour de France 2014

Le Tour de France s'est achevé dimanche et il était donc logique de recueillir l'avis d'un expert en la matière. Grimpeur français hors pair durant une majeure partie de sa carrière, notre Chroniqueur David Moncoutié, également consultant sur Eurosport, livre pour Cyclism'actu son point de vue sur les événements récents. Au programme, les promesses d'un cyclisme Français qui s'affirme au plus haut niveau, le nouveau visage du Tour avec des hommes ayant pris le pas sur les robots du passé et son avis sur le changement de visage des cadors de la scène mondiale. Enfin, impossible de ne pas parler de la Vuelta qui commencera le 23 août prochain et qu'il commentera pour Eurosport. C'est parti pour la Chronique Moncoutié ! 

 

Les Français en imposent ! 

 

C'est clair, on n'attendait pas les Français si haut. Deux gars sur le podium c'était impensable au départ du Tour, mais ce n'est pas un hasard non plus de les voir ici. On a vu la France pointer le bout de nez depuis un moment, avec de grandes victoires sur les classiques comme Démare à Hambourg, Gallopin à San Sebastian et plus récemment la 4e place de Rolland sur le Giro et les très bons résultats World Tour à répétition de Péraud en début de saison. Deux Français sur le podium c'est bien, mais il faut tout de même relativiser avec l'absence de deux acteurs majeurs, Froome et Contador. 

Il y a un passage de témoin, une nouvelle génération s'affirme, en atteste Bardet meilleur français du Tour 2013 et Pinot vainqueur à Porrentruy en 2012. Selon moi l'indétrônable français reste Péraud, avec une régularité impressionnante. Le parfait coureur par étape. Il a connu un petit coup de moins bien sur les routes du Dauphiné, mais c'est peut-être aussi pour ça qu'il a été à son avantage sur le Tour. Ce n'est pas le plus médiatisé, mais il répond toujours présent. Il a aussi pu profiter d'avoir Bardet à ses côtés chez Ag2r pour avoir un peu moins de pression.

Globalement, on retrouve des Français de partout et c'est bien, ça fait plaisir. Grimpeurs sprinteurs baroudeurs et même des équipiers de luxe comme Kévin Reza. On a des coureurs qui font de grandes performances et tirent le reste du peloton français vers le haut.

 

Un Tour à visage humain

 

Oui, on a vu un Tour à visage humain, même si Nibali était au-dessus du lot. On a vu des défaillances comme Van Garderen qui perd trois minutes sur une étape des Pyrénées ou Valverde qui s'écroule en fin de Tour. Il y avait des favoris sur ce Tour, mais pas de course écrite à l'avance comme par le passé où on prenait le départ en sachant d'avance qui allait gagner. La course de cette année n'était pas aseptisée. Nibali a fini avec huit minutes d'avance et c'est mérité. Il a attaqué, couru à l'offensive alors qu'il n'en avait pas forcément besoin après les écarts qu'il avait creusés sur les pavés. Nibali était clairement au-dessus. Péraud l'a suivi par moment mais Nibali en avait encore un peu sous la pédale et le Français était à bloc. Nibali était toujours au top et ce n'était pas toujours le même coureur qui le suivait, c'est ça qui a fait la différence et ces huit minutes d'avance sont méritées.

Un Tour dure trois semaines et certains récupèrent mieux que d'autres, c'est comme ça. Je ne pense pas qu'il y ait une raison particulière à la débâcle d'une partie des leaders, qu'il s'agisse des deux Belkin passés au travers du contre-la-montre, la fin de Tour de Valverde ou les maladies de Van Den Broeck et Porte. Encore une fois, c'est un Tour à visage humain. Le Tour est difficile certes, mais le parcours n'était pas plus difficile que les autres années. Il n'y a eu qu'une étape de liaison entre les Alpes et les Pyrénées,mais un jour de repos aussi, suffisant pour récupérer.

 

Des générations qui se suivent, mais ne se ressemblent pas forcément

 

Le podium est devenu un rêve accessible, ce qui n'était pas le cas il y a trois ou quatre ans. Il ne faut pas perdre de vue que les huit minutes concédées à Nibali rappellent à quel point ce sera difficile de réaliser ce genre de performances dans le futur, ce ne sera pas évident à faire, mais on a la jeune génération pour y arriver. Il y a une relève dans beaucoup de pays, la Colombie, l'Italie, la France...

L'Espagne semble par contre être un peu en retard. C'est comme ça, cela arrive. Il peut y avoir des générations dorées et d'autres moins bonnes, c'est un effet de cycle. Moi même j'ai été dans une génération du cyclisme Français au creux de la vague, ce n'était pas évident, et avec du recul, peu importe la raison. Il y a des trous dans les générations, cela arrive.

 

Place à la Vuelta !

 

La Vuelta est le 3e grand tour de l'année. C'est une position délicate, mais il présente l'avantage d'être très montagneux. Placé comme cela, après le Tour, cela permet de récupérer les déçus des deux Tours précédents. Si cela peut véhiculer une image de "Tour de rattrapage", le plateau de l'édition 2014 compense largement cela. Le plus important au final, ce sont les noms inscrits au départ de la course. On retrouve pas mal de coureurs désireux de se rattraper d'un Tour où ils n'ont pas été épargnés, comme Talansky, voire Froome qui est annoncé partant. Pinot sera présent aussi, c'est l'occasion de confirmer son excellent Tour. Bien sûr, il faudra aussi compter sur ceux qui ont fait de la Vuelta un objectif depuis le début d'année, comme Aru ou Quintana. On va se régaler.