Divers - Andy Schleck, «motivé pour ce nouveau départ»

Vidéo - Andy Schleck : "La décision qui fait le plus mal"

Le 9 octobre 2014 restera à jamais une journée noire pour Andy Schleck. Effectivement, ce jour-là le Luxembourgeois de l'équipe Trek annonçait sa retraite sportive, à 29 ans et après 10 années passées dans le monde pro. En cyclisme, le frère de Frank a connu toutes les émotions. D'abord, et avant tout, des émotions positives, avec notamment des victoires sur le Tour de France, un succès majeur sur Liège-Bastogne-Liège en 2009 et des titres de Champion du Luxembourg. Mais, il a aussi connu des émotions négatives depuis la saison 2012... À cause de nombreuses blessures, qui l'ont d'ailleurs obligé à tendre son bras vers la sortie de carrière. Un mois après avoir reçu le vase de Sèvres, des mains de François Hollande au Palais de l'Elysée, pour sa victoire (sur tapis vert) dans le Tour de France 2010, Andy Schleck s'est confié, tout en longueur, sur le site "Le Quotidien". Aux côtés de Jil, sa compagne, et de Téo, leur enfant de 7 mois, le nouveau retraité a plein de projets en tête et n'élude aucun sujet. Extraits !

Dans un premier temps, il est revenu, difficilement, sur la fin de sa carrière : "Quand le chirurgien m’a dit que je resterais 7 semaines en béquilles après mon opération, j’ai pris un coup. Je me suis dit que ma saison était finie, avec également, la fin de mon contrat qui approchait. J’ai réfléchi. Je devais tout mettre à plat. Le moment est venu où je n’avais plus les béquilles. Je devais reprendre l’entraînement. Et je suis retourné à Majorque. J’ai repris à zéro. Une heure de vélo tranquille. Mais j’ai remarqué qu’après deux heures, quand je devais monter au-dessus de 250 watts, j’avais mal. Mon genou me faisait trop souffrir. Cela durait, durait. Les médecins m’ont tenu un discours de vérité : "Un cas comme le tien, lorsque tu auras 35 ans, tu auras besoin d’un nouveau genou". Tout ça m’a fait peur".

Andy Schleck a, ensuite, avoué que l'environnement du cyclisme lui manquait : "Au début, je dois dire que ça a été très, très dur. Pendant un mois, j’étais vraiment "down". Rouler, c’est ce que j’avais fait toute ma vie ou presque, jusque-là. Il fallait que je franchisse ce cap pour aller dans ma nouvelle vie. Maintenant, ça me manque, je ne le cache pas ! En ce moment, Frank est en stage avec l’équipe. Cela me fait drôle. Ce qui manque le plus, ce n’est pas de rouler, de s’entraîner, mais d’être avec les copains. Mais je suis très actif. Il y a plein de choses à faire dans la vie".

Malgré sa grande tristesse de quitter le monde pro, Andy Schleck apprécie sa nouvelle vie : "Avant, ma vie de coureur imposait beaucoup de sacrifices. Il y avait l’entraînement, mais ce n’était pas encore fini. Tu rentres, tu dois te faire masser. Quand on cuisinait quelque chose, on pensait toujours : "Est-ce bon ou pas pour la diététique ?". Là, on va aller chez des amis et manger une bonne pizza. J’apprécie ça. Je vis une première, je ne connaissais pas ça en pleine saison. J’ai plus de temps pour ma famille, mais je n’éprouve pas le besoin d’avoir des loisirs".

Une fois la page tournée, pour de bon ou pas, le cadet des Schleck s'est repris en main ! Il se tourne désormais vers son futur professionnel, qui devrait prendre forme dès l'année prochaine : "Je ne travaille pas encore vraiment. Je suis en train de faire un planning pour l’année prochaine. Cela me demande de la paperasse. Je dois tout apprendre. Cela me fait plaisir et je suis super motivé pour mon prochain travail. Je suis super motivé pour ce nouveau départ". Un "nouveau départ" dans le cyclisme ? "Je veux faire quelque chose où je puisse me réaliser, avec mon nom et aussi mes capacités humaines".

Andy Schleck revient, enfin, en détails sur son sport, qu'il trouve de plus en plus dangereux pour les coureurs : "Il n’y a plus de respect dans le peloton. Je l’ai vécu ces dernières années. Je vais donner un exemple : tu as une étape au sprint dans le Tour, tu es grimpeur, mais tu es obligé de rouler à bloc jusque dans le dernier kilomètre pour éviter les cassures. On se sent obligé, mais si on regarde l’histoire du Tour, il y a encore pas si longtemps, ce n’était pas comme ça. Tu vois Chris Froome prendre des risques insensés sur le final. Si Froome, qui, par ailleurs, est un très bon mec, tombe, t’es sûr que derrière, il y a de la casse. Bien sûr que tout ça crée des chutes. À tel point qu’on est content quand il y a une chute dans les trois derniers kilomètres et qu’on peut finir tranquille. On se dit : "Ouf ! Quelqu’un est tombé ! Qui ? Ah, pas un grand coureur, alors ce n’est pas grave…". Est-ce normal d’être content de ça ? Non, ce n’est pas normal. Mais malheureusement, c’est comme ça. Pourquoi prendre tant de risques ? Aujourd’hui, on voit des coureurs attaquer dans des descentes pour en pousser d’autres à la faute. C’est ça, respecter l’adversaire ?". Un vrai discours de passionné, qui va peut-être l'amener à continuer sa vie dans le cyclisme ?