Tour de Suisse - Rui Costa en route pour le Tour...
Par Antoine PLOUVIN le 22/06/2014 à 21:01
Vidéo - Alberto Rui Costa gagne le Tour de Suisse 2014
C’est SON épreuve ! Troisième succès consécutif d’Alberto Rui Faria da Costa sur le Tour de Suisse. Mais c’est aussi son premier succès avec le maillot arc-en-ciel de Champion du Monde, acquis l’an passé à Florence au terme d’une superbe épreuve. On le disait maudit, comme le veut la « tradition » des porteurs de maillots irisés. C’est vrai qu’on pouvait se poser des questions : Trois fois deuxième d’étape du Tour d’Algarve en début d’année où il prenait la troisième place finale ; deux fois deuxième d’étape à Paris – Nice qu’il termine à la… deuxième place finale ; et enfin troisième du Tour de Romandie il y a un mois et demi. Ça commençait à faire beaucoup pour le leader de la Lampre – Merida, sa nouvelle formation depuis l’intersaison. En allant chercher la victoire à Saas-Fee au terme d’une très belle étape, le Portugais s’adjuge la victoire finale. Un succès qui confirme la classe d’un champion souvent sous-estimé jusqu’à son titre Mondial de septembre 2013.
Une belle course
Alors qu’on s’attendait à une course d’attente, un trio s’envole à 45 kilomètres de l’arrivée avec Mathias Frank, Bauke Mollema et Rui Alberto Costa. Une semaine après une étape d’anthologie sur le Critérium du Dauphiné, on vit un final du Tour de Suisse plein de suspens jusqu’au bout.
« Je ne pensais pas vraiment pouvoir gagner. J’ai débuté ce Tour de Suisse un peu à court de condition mais quand on regarde bien, c’était pareil l’an passé. J’arrive ici un peu juste et je ressors beaucoup plus fort. Avec les efforts déployés dans le contre-la-montre, je n’étais pas très à l’aise samedi vers Verbier. Aujourd’hui je savais que mon jeu était d’attendre, avec le retard que j’avais au général. J’ai surtout profité du travail des autres. Mais je craignais Mathias Frank. Et puis à trois kilomètres, j’ai pu partir et j’ai alors réalisé que la victoire finale était possible. »
Le Portugais avait impressionné vendredi, lors de ce chrono’ de 24,7 kilomètres en ne perdant que 28’’ sur le vainqueur, Tony Martin, spécialiste de la discipline, qui s’avouait lui même surpris de la performance du Portugais. 28’’ sur Martin et seulement 4’’ sur Tom Dumoulin, deux spécialistes de la discipline. C’est aussi 13’’ de mieux que Fabian Cancellara. Ce vendredi, Rui Costa a adressé un premier message. Il ne craint pas le contre-la-montre ! Dans la montée vers Saas-Fee, il adresse un deuxième message. La montagne est bel et bien son terrain de prédilection.
Objectif : Tour de France
Rui Alberto Costa n’a disputé que le Tour de France comme grand Tour dans sa carrière (à cinq reprises, l’ayant fini quatre fois). C’est là qu’il s’était d’ailleurs révélé. En mai 2009, on découvrait son nom lorsqu’il remportait les 4 Jours de Dunkerque. L’année d’après, il remportait la huitième étape du Tour de Suisse… déjà ! Et puis en 2011, il vint s’imposer au sommet de Super-Besse sur le Tour de France. Le grand public le découvre alors, mais comme un attaquant. En 2012, il remporte pour la première fois le Tour de Suisse. Il avait alors 25 ans et on comprend qu’il est peut-être plus qu’un attaquant qui passe bien les bosses. Pour autant, jusqu’à aujourd’hui, le Tour de Suisse est la seule grande épreuve par étape qu’il ait remporté (mais il l’a remporté trois fois consécutivement).
Malgré sa victoire en Suisse, il ne prend que la dix-huitième place du Tour de France en 2012. Pour sa deuxième victoire consécutive l’an passé, on se dit qu’on va peut-être le voir enfin s’illustrer au classement général du Tour. Mais il n’en est rien. La faute à… plusieurs facteurs. Tout d’abord, il appartenait à l’époque à une équipe Movistar qui s’appuyait sur Alejandro Valverde et Nairo Quintana. Ensuite, conséquence logique, il n’a qu’un rôle d’équipier de luxe. Or, on se souvient de l’épisode de l’étape de Saint-Amand-Montrond. Dans une étape toute plate, sous l’impulsion des Omega Pharma tout d’abord, relayés par d’autres équipes ensuite, se fait un énorme coup de bordure. Les Movistar ne sont pas piégés, mais Valverde crève au pire moment ! Quintana, dont on ne connaissait pas encore toute l’étendue de ses possibilités, est protégé, s’imposant comme un joker, tandis que Rui Costa doit attendre son leader, Valverde. Bilan, près de 10’ de perdus pour ces deux coureurs. Il était, avant ça, neuvième du classement général à un peu plus de 5’ de Froome, juste derrière… Nairo Quintana, qui terminera ce Tour de France à la deuxième place. Mais ce mauvais moment lui a aussi permis de bénéficier d’une marge de manœuvre qui lui a permis de remporter deux belles étapes (Gap et Le Grand Bornand)
Aujourd’hui, il est Champion du Monde et il a changé d’équipe. « Cette victoire (sur le Tour de Suisse) est plus importante que les précédentes encore car c’est la troisième, et c’est avec une nouvelle équipe. Une équipe où je suis leader unique et qui m’a très bien épaulé tout au long de la semaine. Ils m’ont montré qu’ils étaient très forts ».
« Gagner l’étape et le général, c’est vraiment fantastique, je ne pouvais rêver mieux. Mais le Tour de France, c’est encore différent. Ce ne seront pas les mêmes coureurs, pas la même course. Ce qui est sûr c’est que ce Tour de Suisse a été une bonne préparation. A la fois physiquement, mais c’est aussi une importante étape pour la confiance. A la fois ma confiance personnelle et celle de l’équipe ».
Le Champion du Monde disputera encore le Championnat du Portugal contre-la-montre dans la semaine à venir avant de prendre du repos et s’envoler pour Leeds.