Journal de Bord - Chevrier : «Tout est plus grand ici»

 

Ça y est, l'aventure américaine a commencé pour Clément Chevrier ! En effet, depuis le 28 février, Clément est sur le sol américain, et plus présisément à Santa Rosa. Depuis son arrivée, il y a un peu moins de trois semaines, il y a effectué son premier stage avec la Team Bissell Development. Pour commencer son quatrième Journal de Bord avec Cyclism'Actu, Clément nous parle de la fin de sa préparation hivernale "européenne", qu'il a réalisé, chez lui en Picardie, "afin de profiter de (sa) famille et de (ses) amis avant de partir". Ensuite, il nous explique en détail comment s'est déroulé le premier stage avec sa nouvelle équipe. Clément nous parle, par la suite, de son acclimation au pays, de son intégration dans l'équipe, pas toujours facile à cause de la barrière de la langue, de ses entraînements, et nous dévoile quelques anecdotes croustillants qui l'ont marqué depuis son arrivée aux USA. Enfin, il nous dévoile quel sera la suite de son programme : entraînements, stages, courses...etc. Pour finir, il n'oublie pas de répondre à vos questions.

 

La fin de ma préparation hivernale "européenne"

 

Bonjour à toutes et à tous ! Je vous écris (enfin) des Etats-Unis pour ce quatrième Journal de Bord sur Cyclism'actu.

Je suis actuellement à Santa Rosa, ville située à 90 kilomètres au nord de San Francisco. Je suis ici depuis le 28 février et le début du stage de l'équipe Bissell Development Team.

Avant de vous raconter mes débuts avec l'équipe, je vais revenir sur la fin de ma préparation hivernale "européenne".

Le but était d'arriver au stage de pré-saison avec une base solide en terme d'endurance et de force, de manière à aborder la saison avec les fondations nécessaires, mais aussi pour profiter des efforts intensifs du stage pour élever ma condition physique avant de commencer les courses.

 

"Une progression en terme de force et de résistance à l'effort par rapport à l'an passé"

J'ai donc finaliser ma base foncière en Picardie afin de profiter de ma famille et de mes amis avant de partir. Je me suis envolé pour les US avec 4 500 kilomètres depuis le 1er janvier. Grâce aux analyses de Vincent Terrier sur mon entraînement, on a pu constater une progression en terme de force et de résistance à l'effort par rapport à l'an passé. Ce qui était l'objectif avant d'élever ma condition grâce aux efforts intensifs et répétés afin de préparer ceux effectués en course.

C'est donc avec impatience que je me suis envolé pour Santa Rosa et le premier rassemblement de l'équipe.

 

Le premier stage avec la Team Bissell Development

   

J'ai atterrie à San Francisco deux jours avant le début du stage, afin de s'acclimater au fuseau horaire. L'ensemble des européens de l'équipe en ont fait de même. C'était mon premier vol long ... et mon premier "jetlag"... Une découverte de plus ! Je l'appréhendais, mais ça s'est finalement bien passé.

En sortant de l'aéroport j'ai eu l'agréable surprise de voir qu'un assistant de l'équipe m'attendait avec la voiture de l'équipe : un immense 4*4, comme je n'avais jamais vu auparavant. Ou si peut-être dans certains films ! J'ai vite compris que c'était différent de la France... Tout est plus grand ici !

En arrivant à l'hôtel nous avons eu le plaisir de découvrir notre paquetage tant attendu... Les couleurs de l'équipe, la bonne qualité des équipements, les différentes affaires civiles et sportives... Et le vélo ! Un Trek Madone personnalisé ! J'avais la sensation d'être un enfant qui ouvre ses cadeaux au pied du sapin un 25 décembre.

 

"On se découvre tous au fur et à mesure"

Les premiers contacts avec les coéquipiers et le staff se sont bien déroulés. Même s'il y a 7 nations différentes de représenter dans l'équipe. On parle tous en anglais ici. Je suis de loin celui qui a le plus de difficultés à m'exprimer. Mais ils sont vraiment compréhensifs et m'aident beaucoup. Aujourd'hui ça va déjà beaucoup mieux. Je peux participer à une conversation convenablement. Chose difficile lors des premiers repas et des premières réunions avec l'équipe. De plus, la France les attire et ils aiment échanger avec moi sur la culture, les lieux, les habitudes, les courses, les coureurs...etc. On se découvre tous au fur et à mesure des repas, des sorties, autour d'un café, ce qui est très intéressant.

Ce stage fut aussi l'occasion de réaliser les photos individuelles et d'équipe et de rencontrer les représentants de nos sponsors comme SRAM, SpiderTech, Trek, Bontrager...etc.

D'un point de vue sportif, le stage a réellement débuté 4 jours après mon arrivée. L'occasion de s'habituer au matériel. Le Trek Madone est incroyablement léger et nerveux. Ce que j'apprécie particulièrement en montée. Surtout dans les cols californiens où la route est souvent très irrégulière et pentue. Nous rencontrons fréquemment des cols avec des pourcentages avoisinant les 15-20 %. Mieux vaut avoir un braquet adapté ! Pour ma part, après plusieurs sorties où je me suis fait surprendre j'ai préféré opter pour un pignon de 28 dents à l'arrière.

 

"Dès la première longue ascension c'était un véritable "feux d'artifice" !"

Je crois que je me souviendrais toujours de ma première sortie avec l'équipe. Je pensais partir pour une sortie de 4 heures allure endurance. "Not full gaz", comme Axel Merckx l'a dit au briefing. L'occasion parfaite pour discuter avec les coéquipiers, découvrir les routes...etc. Les consignes ont été respectées 1 heure... Dès la première longue ascension c'était un véritable "feux d'artifice" ! Une allure effrénée dans chaque ascension. Des relais tournants type chrono par équipes sur le plat, qui sonnaient comme une sorte de vengeance de la part des rouleurs-sprinteurs envers les grimpeurs. Il y avait toujours un coureur pour en rajouter.

La dernière grosse sortie restera aussi gravée ! Nous avons eu l'honneur d'avoir en notre compagnie Levi Leipheimer. Cependant, un problème mécanique l'a obligé à monter dans la voiture de l'équipe à mi-sortie. Après 5 heures de vélo dans les cols, nous entamons une phase de 20 minutes de relais appuyés. Cette ultime série devait conclure notre entraînement avant de rentrer au calme. Cependant, au terme de notre exercice Levi a décidé de nous faire monter une côte célèbre en Californie. L'occasion pour lui de monter à notre hauteur et d'offrir une prime au premier qui franchirait le sommet ! Une nouvelle course commençait...

L'ensemble des sorties de la semaine ont été faites plus ou moins de cette manière. Nous n'avons pas chômé à l'entraînement avec des sorties studieuses, des coureurs en forme et motivés pour donner le meilleur à chaque séance. Je pense aussi que l'on voulait tous se tester et se rassurer après ce long hiver. Nous sommes tous impatient d'épingler un dossard pour mettre en application le travail effectué...

 

La suite du programme

 

Pour ce qui est de la suite du programme, je suis actuellement logé avec mon coéquipier anglais Tao Geoghegan Hart à Santa Rosa, chez un grand chef cuisinier français. Ce qui est une bonne chose pour moi, mais pas de cadeau ! Même avec moi ... il parle en anglais pour continuer l'apprentissage de la langue. Je reste ici jusqu'à la fin du mois de mars avant de commencer les courses au Tour de San Dimas du 28 au 30 mars. Puis j'enchaînerai avec la Redlands Classic, une course par étapes de 5 jours, à coté de Los Angeles.

 

"Difficile de se donner un objectif précis pour le Tour du Gila et le Tour de Californie"

 

En avril, je partirai avec quelques coéquipiers à Boulder dans le Colorado, pour ainsi effectuer un stage en altitude en vue de préparer le Tour du Gila et le Tour de Californie. Deux rendez-vous très importants pour l'équipe et moi-même. Je n'ai pas d'objectifs particuliers sur ces courses. Je souhaite juste arriver dans la meilleure condition physique possible pour tirer mon épingle du jeu dans les ascensions. Ne connaissant pas les parcours, l'adversité, la façon de courir, et d'autres facteurs importants, il est difficile de se donner un objectif précis en terme de résultat.

Mon retour en Europe est prévu au lendemain de l'arrivée du Tour de Californie.

 

"Je me concentrerai alors sur le Tour des Pays de Savoie en juin"

 

Je me concentrerai alors sur le Tour des Pays de Savoie en juin. C'est une course importante à mes yeux. J'espère y jouer les premiers rôles comme l'an passé. J'enchaînerai comme beaucoup de coureurs avec les Championnats nationaux fin juin.

Je m'envolerai de nouveau pour les Etats-Unis le 8 juillet pour participer, durant l'été, à la Cascade Classic, le Tour de l'Utah, le Tour du Colorado et le Tour d'Alberta. Normalement. Cette période reste encore à définir selon les opportunités qui peuvent s'offrir à moi notamment avec le programme "équipe de France", qui m'attire toujours autant et auquel j'aimerai prendre part, si mon niveau sportif me le permet.

 

Les questions des lecteurs :

 

Est-ce que les Championnats du Monde Espoirs en Espagne font partie de tes objectifs ? Si oui te sentirais-tu capable d'assumer un rôle de leader, bien que la course ne soit pas très dure ? (jibiz73)

J'ai regardé le profil de la course, lu des articles, mais je ne connais pas en détail le parcours. Il semblerait qu'il s'annonce moins dur que l'an passé à Florence. Cependant, il y aura tout de même une ascension de 5 kilomètres et une autre plus courte avant l'arrivée. Les coureurs Espoirs auront plus de 3 200 mètres de dénivelé positif sur les 180 kilomètres de course, contre 2 400 l'an passé. Bien évidemment, j'aimerai refaire parti de l'aventure pour ces Championnats du Monde, mais il est encore beaucoup trop tôt pour annoncer quoique ce soit. Il faudra voir en temps voulu, selon la condition physique du moment, les coureurs susceptibles d'y participer, les détails exacts du parcours et bien sûr la volonté du sélectionneur national pour aligner la meilleure équipe possible le jour J.

 

"Une méthode de préparation ciblée sur l'entraînement plutôt que sur l'accumulation des jours de courses"

 

Clément, comment appréhendes-tu le fait que tu vas avoir assez peu de jours de course par rapport aux amateurs ? Est-ce-que ça risque de te gêner dans ta préparation ou penses-tu que la multiplication des stages peut te permettre de progresser spécifiquement par rapport à l'accumulation des jours de course ? (hellomoto)

J'apprécie avoir des phases de préparation qui passent par des entraînements rigoureux, des stages, des reconnaissances afin de préparer mes objectifs plutôt que d'enchaîner les jours de courses. Au fur et à mesure des saisons, j'ai appris à me connaître et grâce aux compétences de mon entraîneur, avec qui j'échange beaucoup, nous savons comment travailler pour arriver en forme au moment voulu. De plus, le fait d'avoir moins de jours de courses permet d'arriver frais physiquement et mentalement à chaque rendez-vous. À titre d'exemple, lors de ma saison 2013 j'ai effectué une coupure à la suite du Tour des Pays de Savoie. J'avais ensuite 3 semaines pour me préparer au Tour du Val d'Aoste, avec aucune course au programme. C'était une nouveauté pour moi, mais cela ne m'a pas empêché d'arriver en condition en Italie. C'est donc dans ce même genre d'approche que je souhaite préparer mes objectifs cette année. À contrario, j'ai fait l'erreur l'an passé de trop courir en vue du Tour de l'Avenir où je suis arrivé fatigué physiquement, mais aussi mentalement. Ces différentes expériences m'ont amené à choisir une méthode de préparation ciblée sur l'entraînement plutôt que sur l'accumulation des jours de courses.

Je vous remercie de votre patience pour la lecture de ce quatrième carnet de route !

Au plaisir de vous écrire,

Clément 

 

Propos recueillis par Alexis ROSE 

 

Les précédents Journaux de Bord de Clément Chevrier : #1, #2, #3.

N.B. : Si vous avez des questions à lui poser, n'hésitez surtout pas à poster des commentaires dans le formulaire ci-dessous. Clément répondra à toutes les questions dans les prochains Journaux de bord. Merci.